- Ven Déc 17, 2010 2:24 pm
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[size=200]Toute une histoire de montagne[/size]
Ma vie est toute une histoire de montagnes. Ma famille, est une famille de montagne. Et pas seulement parce que d’autres, qui ont porté mon sang jusque dans les livres, me regardent du haut d’une étagère.
Qui, lorsqu’il pense à la compagne idéale, jugera préférable qu’elle ait grandi dans un petit village de montagne ?
Moi, évidemment, mon frère, certainement, et mes cousins. C’est indécent ?
La culture familiale est un blason dessiné sur le cœur à l’encre bleu. Elle parle de grandeur, et assigne à celui qui ne la mérite pas encore le devoir de l’obtenir.
La grandeur naît en haut des montagnes, et elle fond avec la neige pour courir en torrents abreuver le monde. La grandeur aime la mer, et elle tourbillonne dans le ciel comme une feuille d’or ; une feuille de chêne.
Comme une feuille de chêne emportée par le vent, comme l’arbre immense qui s’élève majestueusement, comme mon père, et tous mes pères, comme avant.
Lorsque je me lève, je sens cette histoire de montagne qui se déploie derrière moi comme une paire d’ailes, des ailes sauvages et puissantes sculptées par le vent, utilisées en d’autres temps. Et j’ai cette conscience aiguë de la vie des hommes, du sursaut si bref que l’on passe sur terre : on traverse la vie comme une flèche traverse une feuille, aussi fragile qu’une patte de cigogne, déchirant comme le cri d’un cygne.
Et puisqu’il le faut je fais semblant d’être comme les autres, mais avec cette phobie de perdre du temps, cette quête du sens en chaque chose, et la peur de me tromper. Choisir c’est renoncer, mais renoncer c’est avancer : alors il faut perdre du temps pour trouver le bon sens.
Tantôt poète et souvent matérialiste, esthète avant tout, je parle peu de moi mais je crée tout autour de moi. Et dans ce morceau de vie qui m’appartient, j’élabore, je construis, comme un roi.
Plein d’empathie, j’aime les autres. Voué à réussir, je le porte sur moi.
Et cette histoire de montagnes, de précipices et de sommets, est un souffle qui m’emporte, me traîne, jusqu’à la postérité.
SnS, présomptueux, nostalgique, vertigineux, dans les nuages, et la montagne.
(pour la postérité, 3)
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[size=200]Premier rendez-vous avec Lili[/size]
Lili, que j’avais rencontrée dans mon post précédent, et avec laquelle j’avais passé la soirée au barberousse. Nous nous étions beaucoup rapprochés, et avions échangé nos numéros : mais pas embrassés.
Je l’invitais donc, par sms évidemment, mardi de la semaine dernière, à passer la soirée en ma compagnie, au barberousse également. Mais seuls, cette fois.
C’est là que nous nous somme retrouvés, et quelques shooters au génépi plus tard, nous embrassions avec force passion, en nous tripotant.
Ici il faut noter, l’importance de ne pas porter de sous-vêtement trop serré lorsque l’on prévoit de danser : afin que notre partenaire sente facilement tout l’effet qu’elle nous fait ! Cela fait office du plus poétique des compliments. Les femmes disent que c’est dans notre regard qu’elles voient briller l’amour ? C’est faux : elles le sentent contre leur cuisse, et traduisent plus convenablement.
Après avoir dansé, follement, beaucoup ri, puis sauté et gesticulé dans un nombre inconcevable de directions différentes, nous sommes sortis du bar dansant pour gagner la rue où déambuler.
C’est ainsi que nous avons progressé le long du vieux port jusqu’à la rive droite, où jubilant, j’ai aperçu en face de feu l’hôpital Dieu, un mince ponton flottant qui s’avançait de quelques mètres sur les eaux de la méditerranée.
Ravi de l’idée qui m’emportait, j’empoignais ma compagne et nous nous engagions sur le ponton jusqu’à son extrémité. Elle se tenait devant moi et contre ses hanches, je me cramponnais. De chaque côté à peine vingt centimètres nous séparaient, sans garde-corps, créatures doucement alcoolisées, des eaux glacées.
Et là, le regard plongé dans les étoiles, le vieux port illuminé, la nuit, l’eau, bref, plongés dans cette merveille d’instant, nous avons recommencé à danser.
Puis à chanter : les lacs du Connemara, puis une chanson paillarde qu’elle répétait après moi tandis que nous mimions gaiement les différents coïts impertinents qui y étaient contés très impoliment.
En repartant bras dessous bras dessus, j’apercevais un portillon ouvert, accès direct sur la partie fermée des quais. Aussitôt, nous nous y engouffrions. Puis derrière une cabane de marins, elle me démontra tout son engouement pour la fellation. Et nous commirent là, cachés de cette petite battisse et couvés par l’aile de la nuit, le péché de chair qui nous était si cher. Au bord de l’eau, la tête dans les étoiles du vieux port, qu’y a-t-il de plus fort ?
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J’ai revu à deux reprises l’autre demoiselle rencontrée auparavant dans le métro : elle ne m’intéresse pas. Elle est intéressée, pas moi.
J’ai décidé de ne voir que Lili. Et puis, elle est née dans un petit village de montagne, ça ne s’invente pas. Si ?
A notre rendez-vous suivant, elle avait appris par cœur les lacs du connemara. Et avant d’aller apprécier au Théâtre du Gymnase un célèbre one man show qui s’est avéré agréable, elle m’a servi chez elle un repas fait de ses doigts et très réussi, qui a conduit mon intérêt bien au-delà du lit.
J’apprécie son petit univers. Depuis deux ans, j’ai un attrait tout particulier pour les filles très littéraires, qui déambulent dans la vie comme dans un livre, très soucieuses de l’art, de la douceur de leur peau et de la couleur de leur sac à main, et pour qui travailler ne signifie rien.
Peut-être parce qu’à un non-choix près cette voie aurait pu être la mienne, dans son pendant masculin ; au lieu de quoi je passe mes nuits aux urgences : à suturer des trauma crâniens, parce qu’à soigner je trouve un réel plaisir et un sens certain.
Et parce que les errances n’ont aucun sens si elles sont perdues dans l’inaction. Tandis que l’aventure et l’expérience les nourrit, les transforme, en vertus de l’esprit.
Un homme qui ne fait rien de difficile, et qui s’ennuie, est un crétin. Un homme qui fait toutes sortes de choses passionnantes et difficiles, et dont l’esprit trouve la place à des errances, et l’ennui suffisant pour divaguer, est un génie.