- Lun Nov 08, 2010 11:14 am
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Confiance et ego[/color][/size]
Retour de week-end autour d’un café avec les collègues proches, amis pour certains.
Comme tout le monde reste silencieux, j’ouvre une porte en racontant que j’ai trouvé un site où calculer ma capacité d’endettement en fonction des loyers perçus d’un immeuble déjà loué en majeure partie. Hormis Rico qui connaît bien mes projets et les comprend, je me prends une volée de limitations.
La plus flagrante est :
« S’il y avait des immeubles à ce prix là, ça se saurait et tout le monde le ferait ! »
W :
Il y en a plein les annonces.
Puis on badine autour du sujet. J’argumente autour de l’immeuble où habitait une des collègues.
Je ne cherche pas à convaincre.
De toutes façons, « on » ne croit jamais ceux qui disent :
« c’est possible ».
On croit ceux qui disent :
« Je l’ai fait. Donc, c’est possible. »…et encore !
Je ne cherche pas de validation. Juste à partager et faire un peu la conversation.
Et puis si j'attendais la validation, je ferais comme cet Homme (en première page de ce journal (dans ce passage de Kafka :
Devant la loi.
[quote="wu-weï"]
[quote]Devant la loi se dresse le gardien de la porte. Un homme de la campagne se présente et demande à entrer dans la loi. Mais le gardien dit que pour l'instant il ne peut pas lui accorder l'entrée.
L'homme réfléchit, puis demande s'il lui sera permis d'entrer plus tard.
"C'est possible", dit le gardien, "mais pas maintenant."
Le gardien s'efface devant la porte, ouverte comme toujours, et l'homme se baisse pour regarder à l'intérieur. Le gardien s'en aperçoit, et rit.
"Si cela t'attire tellement", dit-il, essaie donc d'entrer malgré ma défense. Mais retiens ceci : je suis puissant. Et je ne suis que le dernier des gardiens. Devant chaque salle il y a des gardiens de plus en plus puissants, je ne puis même pas supporter l'aspect du troisième après moi."
L'homme de la campagne ne s'attendait pas à de telles difficultés; la loi ne doit-elle pas être accessible à tous et toujours, mais comme il regarde maintenant de plus près le gardien dans son manteau de fourrure, avec son nez pointu, sa barbe de Tartare longue et maigre et noire, il en arrive à préférer d'attendre, jusqu'à ce qu'on lui accorde la permission d'entrer.
Le gardien lui donne un tabouret et le fait asseoir auprès de la porte, un peu à l'écart. Là, il reste assis des jours, des années.
Frantz Kafka - devant la loi
J'attendrais qu'on m'ouvre la porte et qu'on vienne me chercher...des mois, des années.
Un peu plus tard, pause cigarette. D’autres collègues. D’autres préoccupations, une autre vie (et pourtant celle où je vis), pas la mienne : un autre monde.
Je me tais, reste en observateur : je mesure la différence entre ma vie d’avant et mes préoccupations de l’époque (qui sont les leurs) et celles d’aujourd’hui.
Dans le journal, je parlais d’une amie qui m’avait proposé de me faire la main aux fesses de ma vie.
Je décrivais comme elle était vive et rapide. Je décrivais aussi comment d’évoluer dans un environnement comme le siens peut tirer vers le haut.
Quand je parlais de la série Lie to me et d’un épisode où Kal Lightman explique à sa disciple « où on est dans sa tête », je me rends bien compte que, « dans ma tête », je ne suis plus ici, avec ces collègues et, si un environnement peut tirer vers le haut, celui-ci me tire vers le bas en raison des « frictions » qu’il m’impose.
Se frotter à la limitation des croyances des uns ou des autres use.
Cela use mon énergie, ma force, ma conviction et je dois reconnaître que pour avancer, je passe par une courbe qui oscille entre l’enthousiasme et parfois, la limite du désespoir. Chaque fois que je remonte, j’arrache un peu de cet ancien « moi » comme un serpent mue de peau. Plus mon projet se construit, plus je m’affirme, plus je réduis l’écart entre l’Homme que je suis aujourd’hui et celui que je veux devenir.
On pourrait penser à lire ces lignes que je suis un dépressif cyclique animé par la cupidité ou l’avidité, à l’ego surdimensionné « qui se voit en grand » mais ce ne sont que des moyens parce qu’il en faut bien un peu.
A force de travailler sur moi, je me suis rendu compte que mon moteur est une insécurité.
Cette insécurité, c’est celle que nombre d’entre nous vivent : l’insécurité matérielle du lendemain.
Or, cette insécurité nous hante tous (ou presque)et comme un conditionnement, comme une névrose, nous apprenons à vivre avec.
Elle conditionne nos choix.
Elle conditionne notre hauteur de regard.
Elle conditionne nos opportunités.
Elle conditionne nos goûts.
Elle conditionne notre façon de nous créer des opportunités.
Et au final, elle conditionne notre Liberté.
Liberté dont on vante les mérites au fronton des bâtiments de la République mais dont la condition sociale sont les entraves que nous portons volontairement.
L’ego et la confiance en soi fonctionnent en vases communicants.
[quote]Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.
L’ego, c’est comme l’ampérage élevé nécessaire au démarrage d’une locomotive électrique pour tirer le train.
La confiance en soi, c’est le couple qui la tire à vitesse de croisière.
Plus on a confiance en soi, moins on a besoin d’ego.
Lao Tzu disait qu’il fallait diminuer sans cesse jusqu’à être comme l’eau.
Pendant longtemps, j’ai cru comprendre cette idée : je croyais qu’il fallait diminuer en ego.
Mais ce que je ne comprenais pas, c’est qu’il fallait gagner en confiance jusqu’à ne plus rien avoir à « egoter ».
Confiance en soi et ego, le Yin et le Yang d’une seule et même chose.
Modifié en dernier par wu-weï le Mer Déc 08, 2010 11:36 pm, modifié 1 fois.