- Mar Fév 11, 2014 5:17 pm
#146061
[quote="coug"]Et une sortie de l'UK risque d'être très difficile à gérer. Surtout que des pays comme la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, Malte, Chypre sont en train d'être saignés jusqu'à l'os à cause de l'€ - Ne pouvant pas dévaluer. Une monnaie aussi forte avec de telles économies, est une aberration. Et une fois que la digue est rompue...
Je n'aime pas ce discours catastrophiste. Le référendum de Cameron est actuellement plus un instrument de politique interne qu'une véritable menace sur leur statut de membre de l'UE, et si les sondages d'aujourd'hui donnent une sortie gagnante, c'est avec un niveau de confiance plutôt minime (même les sondés du UKIP ne placent pas l'Europe parmi leurs préoccupations principales, c'est dire).
Par ailleurs, le choix qui s'offrirait à l'UK est fondamentalement différent de la situation des membres de la zone euro. Pour l'UK, tout ce qui est en jeu est de savoir si ça vaut le coup de perdre leur place à la table et de faire cavalier seul pour gagner en flexibilité sur leur politique environnementale, sociale, et éventuellement sur leurs accords commerciaux avec les pays hors-UE. Il n'y a guère d'impacts économiques et monétaires directs, mis à part peut-être une réévaluation des impôts et taxes prélevés lors des échanges avec la zone UE (et je ne vois pas vraiment pourquoi l'UE ou l'UK irait mettre un coup de pied dans la fourmilière de ce côté là).
Quant aux pays de la zone euro dans la tourmente, il est bien trop tard. Par exemple: le problème de la Grèce n'est plus l'euro, c'est la Grèce et ses décennies de déséquilibre. Ca fait plus de 30 ans que leur balance commerciale est systématiquement déficitaire, et avec qui? La zone euro compte pour moitié, environ, à la fois dans ses exportations et importations de biens et services (y compris tourisme). Les importations représentent près de deux fois les exportations. Alors admettons, la Grèce sort de l'Euro et dévalue le lendemain, il se passe quoi pour eux sachant qu'ils achètent en devise extérieure deux fois ce qu'ils vendent (notamment toute la filière énergie, avec le pétrole qui à lui seul représente près du tiers des importations brutes)? D'ici à la stabilisation de la nouvelle monnaie, il faut absorber ce déséquilibre gigantesque; le taux de change chute, l'inflation augmente, le chômage explose, les taux d'intérêts augmentent - et qui irait prêter à un pays qui aura commencé sa nouvelle vie en faisant défaut sur toute sa dette (cf. l'Argentine pour les effets à long terme)? Aujourd'hui, paradoxalement, c'est la zone Euro qui protège la Grèce de ces effets; si elle sort, demain les Grecs pourront à peine payer l'essence.
Certes, si la Grèce n'était jamais entrée dans la zone €, les ajustements auraient pu se faire dans la durée et en douceur (relativement parlant) et on peut croire qu'ils auraient progressivement redressé leurs comptes. Mais là, si ils sortent, ils prendront tout dans les dents d'un coup. A mon avis, personne ne veut ça - mais si ils le font quand même, m'est avis qu'ils serviront surtout d'avertissement pour les autres...
Le vrai problème de la zone euro, c'est qu'une monnaie unique sans politique économique et budgétaire unique, c'est fondamentalement bancal. Une solution, c'est l'abandon de la monnaie unique mais à mon sens on a déjà parcouru trop de chemin pour que ça soit un choix rationnel (cf. ci-dessus). L'autre, c'est aller de l'avant avec encore plus d'intégration européenne; à mon avis, c'est la seule solution viable pour que l'Europe ait une voix dans le 21e siècle, mais clairement les Eurosceptiques ne sont pas du même avis (ou se satisfont d'être des figurants).