- Ven Déc 05, 2014 12:17 am
#160496
[quote="mwu"]L'auteur dit le gouvernement (via les banques centrales) ne devrait pas avoir autant de pouvoir sur la politique économique d'un pays, l'idée étant assez simple : les hommes sont faillibles autant ne pas donner concentrer trop de pouvoir sur une partie d'entre eux.
Avant de dire " il veut donner cela aux riches" ce que l'auteur ne dit pas. Il faut comprendre une bonne fois pour toute que les libertariens ne sont pas contre les gros gouvernements, ils sont contre les gros TOUT COURT. ils sont contre la concentration de pouvoir que ce soit dans un gouvernement, des banques, des magistrats, des politiques.
Ici le mec voit que le pouvoir est concentré chez les politiques il le dénonce.
Si demain je dénonce l'oligopole dans la téléphonie en France, ca ne veut pas dire que je suis ipso facto cryptocommuniste...
Ensuite la liste que tu donnes est exactement la liste des gens qui aujourd'hui, profite le plus des politiques du pognon gratuit des banques centrales (il faudrait inclure tous les gouverneur de banque + les politiques complices), ce que lui meme appelle la false elite.
On ne s'est pas bien compris. L'auteur dit qu'il faut retirer le pouvoir exclusif de création de monnaie à ceux qui le détiennent. Très bien, mais il n'examine pas où il va, le pouvoir. On ne peut plus créer de monnaie, et l'emprunt périclite: qui contrôle la richesse? Ceux qui l'ont, à savoir ceux qui ont un gros patrimoine de biens: ceux qui ont un compte bien garni et pas d'emprunts, des terres, des immeubles, des usines, etc. Bref, ceux qui sont déjà riches et peu endettés. Pas le propriétaire d'entreprise en plein LBO, mais celui dont l'endettement est proche de zéro. Or ces gens:
1) sont peu, et
2) il se trouve que pour la majorité d'entre eux, ils ont hérité.
Je trouve ça très bien qu'ils aient hérité. J'espère bien que mes enfants le feront aussi. Le problème, c'est qu'on est en train de parler d'un club restreint qui tend à se perpétuer plutôt qu'à s'étendre, modulo quelques Steve Jobs qui arriveront à partir de rien et conquérir le monde. Combien des comme ça par génération?
Donc aujourd'hui le pouvoir sur la monnaie est concentré, on est d'accord. Supposons une bonnde déflation, retour aux sources, étalon or et tout ça, qui entraine une redistribution... qui n'aboutit finalement qu'à une concentration identique, mais dont les acteurs seront différents. Au lieu d'être les grands argentiers, ce seront les grands rentiers. Pour les 99% qui ne sont pas les 1% (notez que je n'aime pas cette catégorisation mais elle permet d'éviter des formules trop lourdes), ça ne va rien changer. Donc la liberté aux mains du peuple, bof.
[quote]En 2008 l'état US a donner beaucoup d'argent pour sauver les gens qui crevent de faim dans la monde ! je déconne , pour sauver les banques qui avaient triché. (sauvé par qui, oh par les banques centrales et les politiques, les gens que je dénonce depuis le début c'est fou)
Dans un monde idéal elle n'aurait pas été aidée, aurait fait faillite et donc pas concentré le parc immobilier US...
Dans un monde moins idéal, elle aurait été nationalisé (bah oui quand l'état vous sauve c'est de facto une nationalisation) et l'état (qui n'est pas toujours méchant) se serait occupé de ce grand parc immobilier.
Dans un monde idéal et libre de toute considération émotionnelle, elle aurait saisi autant de maisons qu'elle le pouvait tant qu'elle le pouvait et les aurait vendues pour des centimes juste pour garder la tête hors de l'eau, flinguant le marché immobilier pour une génération et mettant des millions d'américains sur la paille (bon ça vous me direz, c'est fait quand même). Ensuite elle aurait fait faillite quand même parce que sans liquidité c'était inévitable, et aurait été découpée en morceaux par les liquidateurs, qui auraient vendu aux enchères ses actifs pour satisfaire les créanciers. D'autres banques les auraient repris, mais pour des cacahuètes puisque à ce stade tout le monde savait que ça ne valait rien et que de toute façons plus personne n'avait de liquide - sauf le shadow banking, vu que les seuls à qui il restait du cash c'était les fonds (hedge/pension) et les assureurs étrangers. Tout ce joli monde se serait retrouvé à la tête du parc immobilier du pays et aurait continué à étrangler les proriétaires, sauf que maintenant ça n'aurait plus été aux mains d'américains. Les autres banques auraient fait faillite en cascade pour les mêmes raisons, et ça aurait été une vraie victoire idéologique - par contre ça n'aurait rien changé pour tous ceux qui leurs devaient de l'argent.
Dans un monde moins idéal, elle aurait été nationalisée, gérée par les mêmes guignols que ceux qui font la politique monétaire sur laquelle on est en train de vomir, dont on peut attendre le succès qu'on leur connait. Une banque n'ayant ni la vocation ni la compétence de gérer de l'immobilier à cette échelle, elle aurait tout vendu à ses filiales immobilières, parquant les biens dans des fonds dont les investisseurs sont... étrangers aussi.
Je crois que tu sais aussi bien que moi que c'est pas parce qu'une banque fait faillite que des contrats aussi juteux disparaissent. Tu connais des gens qui ont contracté un prêt? Regarde les papiers, vérifie s'il est écrit "au cas où la banque disparait, l'emprunteur est libéré des obligations de ce contrat." Non. Ca suit le processus habituel: administrateur, liquidateur, cession de créances, transfert. Quand Lehman a coulé, aucun emprunteur ne s'est réveillé en se disant "super, ma dette est effacée." Quand les banques islandaises ont fait faillite, d'autres ont repris leurs crédits (au grand désespoir d'un de mes amis, parce qu'en plus là-bas les emprunts étaient tous libellés pour moitié environ en un panier de devises étrangères, mais bref). La faillite n'aurait rien changé à la concentration du parc immobilier, sauf peut-être qu'elle aurait été encore moins contrôlée.
[quote]aujourd'hui, vous voyez quand meme (quand même !) que le printing money, et l'inflation (via l'effet cantillion) bénéficie aux gens dans l’immobilier, et dans les marchés financiers aux dépends du reste de la population. Vous le voyez hein ?
Vous comprenez que cela est juste un transfert d'argent de vous vers nous ? Et pourtant cet état de fait vous fait plaisir ? vous le defendez même ? mais pourquoi ?
Mais j'admets. On peut pas dire que ça me fasse plaisir mais c'est le diable que je connais, comme on dit. Le problème c'est que je ne vois pas en quoi moi, mes proches, l'économie ou le pays bénéficient d'une redistribution déflationnaire. Je vois bien comment les ultra high net worth en bénéficient, ça oui, mais je ne vois pas en quoi c'est
mieux.
[quote]Me donne peut etre la réponse a ma question, tu n'aurais pas fait un bon emprunt pour de l'immobilier ? Et donc par extension ton raisonnement peuvent expliquer ceux d'autres personnes dans ta situation.
Effectivement si, convaincu par les banques, et ceux que font les autres, un particulier pense que c'est normal d'emprunter 80% de la valeur d'un achat immobilier...alors oui la déflation peut souffler dans les bronches de la personne.
C'est tellement beau j'en reste bouche bée, on se moque du retail banking mais ils sont quand même vicelards. Amener les gens a s'endetter a des niveaux extra-ordinaires* pour qu'ils croient que leur intérêt et alignés avec celui des plus gros emprunteur.
En clair de dire "écoute petit emprunter toi aussi tu vas morfler si la déflation arrive" (en omettant de dire que 1. le gros lui souffrira plus si la déflation arrive 2. que l'état actuel des choses profite au gros contre le petit 3. les potentiels avantages pour le petit de la déflation qui ne sont pas visible tout de suite alors que les inconvénients le sont, ce qu'on voit ce qu'on ne voit pas).
Magnifique.
Ah non. Personnellement je trouve ça beaucoup trop con d'acheter un mètre carré pour 5 SMICs ou plus, emprunt ou non. Donc j'y touche pas.
Ton 1. 2. 3. est peut-être vrai, mais il faut avoir la foi parce qu'une fois le processus lancé, la fin du tunnel peut être loin. "Les gars, vous allez morfler mais les gros morfleront plus, et une fois que tous les compteurs auront fini de s'ajuster - non, je ne sais pas quand - ça ira bien mieux". Même si c'est vrai, c'est invendable comme programme.
Surtout que l'on raisonne en circuit fermé, mais une déflation dans un pays affecte nécessairement son pouvoir d'achat - pas par la dévaluation de la monnaie elle-même, mais par la réduction de la masse monétaire. Si à la fin de la déflation tous les salaires, revenus et prix sont divisés par deux, toutes les importations coutent deux fois plus cher. Pour la Suisse, qui importe surtout des matières premières et de l'énergie...
On se retrouve vous et moi du côté opposé du débat, et donc je dois vous sembler une sorte de hippie socialo-Hollandiste, le genre à aller me prendre des grenades à Sivens en protestant contre lafinance et lémédias, avec pour seule protection ma carte de membre du NPA. C'est faux. Je suis plutôt à droite et ça fait plus de 10 ans que je suis aux premières loges de la finance du genre de celle à laquelle le lecteur moyen du Monde et de rue89 jette des pierres par poignées entières. Dans certains milieux, j'améliorerais mon statut social en disant que je suis inspecteur des impôts.
Par contre je trouve que les libertariens, objectivistes et tout le capitalisme décomplexé du free market à l'extrême prônent une révolution dont ils savent qu'elle sera douloureuse, et sont coincidentalement les mieux armés pour y survivre (le profil moyen étant assez éloigné du Bac+0 employé de supermarché et smicard à mi-temps). La fin du crédit profite surtout à ceux qui n'y ont pas recours. Loin d'être de grands défenseurs de la liberté pour tous, je les vois donc simplement comme des gens qui cherchent à tirer la couverture vers eux - et après tout c'est bien naturel, mais qu'on ne vienne pas me le vendre comme une oeuvre de bien public.
Et désolé pour le fleuve.