- Jeu Sep 12, 2013 5:57 pm
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Il y a des périodes de grands progrès et de grandes avancées dans la vie, et il y a des périodes plus calmes. En général, dans les secondes, on se trompe, d'ennemi ou de problème.
Voila un an que j'ai créé une société, et quelques mois que je l'ai reconvertie vers une autre activité, radicalement différente de la précédente. Pendant un an, j'ai connu les doutes, les difficultés, les fins de mois difficiles, les périodes tellement creuses que ça en devenait difficile de se motiver, puis les embellies qui viennent avec les affaires qui finissent par se faire. Depuis quelques mois, j'ai connu la surmotivation de faire ce qu'on aime, l'euphorie de voir que ça marche, le plaisir de recevoir des compliments dans un domaine qui me passionne mais dont je n'aurais jamais imaginé faire un métier, et la frustration d'être plutôt mal payé par rapport aux autres photographes. Dans les deux cas, je me suis trompé de problème, et j'ai eu du mal à les régler parce que j'ai confondu le symptôme, mes difficultés à négocier et à clore la vente, avec la cause, dans un cas la lassitude et une grosse baisse de motivation qui m'ont forcé à me botter le cul tous les jours pour faire mon boulot, dans l'autre le fait de ne bosser essentiellement qu'avec des amis, avec lesquels il est infiniment plus compliqué de négocier (surtout quand on jette aux orties un de ses grands principes, pas de relation d'argent avec ses potes, parce que c'est le seul moyen de faire quelque chose qu'on aime).
Plus haut dans ce journal, Stéphane me taquine parce que j'attends impatiemment ses conseils sur la négociation,
moi qui ai ça dans le sang. C'est amusant de se dire que j'ai négocié des deals à plusieurs millions d'euros sans sourciller, et de réaliser que j'ai presque plus de mal pour des affaires de quelques centaines d'euros. La différence: j'ai affaire à des amis, et j'ai peur, pour mon métier, et pour mon amitié.
Comment j'en suis arrivé à réaliser ça? Je recommence, après gros démarchage, à travailler avec des inconnus. Et le tigre est de retour. Les négociations redeviennent sérieuses, je reprends confiance, je recrois en ma valeur. Ca se retrouve à tous les niveaux, moi qui avais fini par ne plus rien discuter, je ne laisse plus rien passer. Mon comptable m'a enfumé il y a quelques mois, j'ai laissé courir gentiment alors que j'aurais du lui faire sa fête (j'ai quand même changé de comptable entre temps), il a recommencé il y a quelques jours et je l'ai massacré. Une cliente traine à me payer, j'ai toujours été arrangeant avec elle alors que j'aurais pu être plus ferme, j'ai haussé le ton et j'ai été payé immédiatement.
Parfois, on perd un temps fou sur des détails parce qu'on se trompe d'ennemi. Moi, j'étais persuadé que je procrastinais, alors qu'en fait je m'ennuyais. J'ai payé pour des méthodes de productivité, d'efficacité, alors que je le suis déjà. J'avais juste besoin de trouver où je l'étais...