- Lun Fév 27, 2012 6:38 pm
#119851
[size=150]Chapitre VII : nuits blanches, masque noir[/size]
[img]http://img696.imageshack.us/img696/8546/tumblrlujr4bjpk21qzcac7.jpg[/img]
J’ai rencontré pas mal de problèmes avec Vanessa, et au premier rang d’entre eux, le fait que Vanessa n’était jamais là. Non pas que je ne pouvais la voir ; au contraire, elle répondait toujours au téléphone, et jamais n’a manqué un rendez-vous. Non, c’était une absence qu’elle portait avec elle, même en sa présence : une absence constante et remarquable, sans qu’elle laisse deviner en quel endroit son esprit pouvait bien vaquer pendant qu’elle donnait le change en vous fixant de ses grands yeux vides.
J’ai lu en quelque endroit - ou bien on me l’a raconté, je ne me souviens plus - que Swan vivait très mal les instants où Odette s’endormait car, en fermant les yeux, celle-ci lui échappait. Mais Vanessa n’est pas Odette, aussi ne se contente t-elle pas de fermer les yeux, de se retourner, et de s’enfoncer dans le mou du matelas. Vanessa ne se retourne pas, non : elle enfile un masque tout en vous faisant face. Une épaisse ouate couleur vert-émeraude et un peu de dentelle noire entre elle et vous, et voilà son regard une nouvelle fois soustrait au vôtre, même pendant qu’elle dort. Enfin, à un petit détail près.
Vanessa ne dort pas. Je n’ai pas compté le nombre de nuits que nous avons passées ensemble, mais jamais je ne l’ai sentie s’endormir avant le chant des oiseaux. Et jamais plus longtemps que quelques heures, trois ou quatre tout au plus . J’ignore comment, dans ce laps de temps militaire, elle trouve les ressources nécessaires de sommeil pour tenir tout le jour et quand, parfois, je pense à elle le soir, je me dis comme Jacques Brel que la nuit pour elle va être longue à devenir demain»*.
Début août 2010, le départ en Italie approchait, pour un plein de lumière, de murs ôcres aux patines colorées, et de pages blanches à noircir (j’écrivais mon livre). Comme à l’accoutumée dans ce genre de circonstances, je n’attendais rien de cette séparation, du moins rien de bon. Déjà qu’une fille à peu près équilibrée ne résiste généralement pas - même si vous lui avez fait de l’effet - à l’idée d’une petite aventure d’été du moment que celle-ci s’achève là où elle a début, c’est à dire en dehors des frontières, alors qu’attendre d’une amputée du coeur comme Vanessa ? A Ibiza qui plus est, qui comme chacun sait est le lieu de villégiature des moines et des ascètes de tous horizons... Non, décidément, il n’y avait pas d’issue : Vanessa était un nid de phéromones, aussi allait-elle attirer la testostérone d’Ibiza comme le miel les mouches, et salope comme elle était il valait mieux pour moi déguerpir avant le désastre. C’est ce que je fis sans trop de mal ; les ruptures endurcissent, j’avais déjà pris cette saine habitude de quitter des femmes que j’aimais, alors quelques jours plus tard, devant un plateau de mozzarelle fumée et un verre de Barbera d’Alba, je l’avais presque complètement oubliée.
[quote="un texto"]Miss u guy
Ne me demandez pas combien de semaines sont passées avant ce message, je n’en ai aucun souvenir. J’ignore même si je l’ai reçu de suite, ma connexion internet consistant à marcher dans les ruelles de Rome avec mon McBook à la main à l’affût d’un réseau perdu. Mais ce dont je me souviens en revanche, c’est que je ne savais que penser. J’étais sûr qu’elle couchait avec d’autres hommes. Elle sentait l’odeur des autres hommes comme une chienne sent l’odeur des mâles de sa meute, même de ceux qui ne l’ont pas prise. Alors pourquoi m’écrivait-elle que je lui manquais ? Et d’abord, ces mots avaient-ils un sens ? Etait-il possible que Vanessa regrette la présence de quelqu’un, elle qui semble n’accorder aucune importance à rien, pas même à elle-même ? Et le cas échéant, pouvais-je être concerné directement par ce manque, moi seul ? Tout à la liberté de marcher et de penser, c’est au milieu des jardins de la Villa Borghese que je finis par me dire qu’elle disait la même chose à tout le monde, par convention, et que ces seuls deux mots (miss you) suffisaient à rendre vie pour quelques semaines supplémentaires à l’idée de la saillir de nouveau.
Enfin, c’est ce que j’aurais aimé en déduire. En réalité, mon orgueil finit par me convaincre qu’elle s’adressait à moi, rien qu’à moi, que nos rendez-vous coquins et ensoleillés avaient laissé dans son esprit une trace suffisamment profonde pour que leur évocation suffise à susciter en elle une quelconque nostalgie du temps passé ensemble. C’était faux, mais j’avais envie de le croire. Un mensonge requiert toujours (au moins) deux participants : celle qui le commet, et celui qui accepte d’y croire, comme nous y reviendrons prochainement dans un séminaire dédié à ce sujet. A l’instant où les roues de l’avion reprirent contact avec le sol Français, quand les gens se levèrent impatients pour tirer leurs sacs d’au-dessus de leur tête et gratter l’écran de leur téléphone portable de long en large avec leur index, j’ai fait de même avec les touches de mon vieux Samsung. Pour recontacter Vanessa.
[quote]...
Message envoyé.
Aux portiques de l’aéroport, comme d’habitude, personne ne m’attendait. Quelques chauffeurs indiens qui tenaient des pancartes décorées de feutre Velleda et probablement destinées à des businessmen en surpoids devant être conduits dans les plus brefs délais à l’Hilton du coin pour transformer leurs propositions commerciales powerpoint en chèques à hauteur de cent et quelque milliers d’euros de produits IT.
Il parait que les marins boivent à la santé des putains d’amsterdam, mais plus personne ne s’intéresse aux putains d’amsterdam dans leurs vieux cabanon à pisse éclairés au néon. Les putes désormais viennent du froid et vous servent à satiété de la sainte et de la fée.
A suivre.
[youtube]r8lWkNnhJB0[/youtube]
* Jojo
[img]http://img696.imageshack.us/img696/8546/tumblrlujr4bjpk21qzcac7.jpg[/img]
J’ai rencontré pas mal de problèmes avec Vanessa, et au premier rang d’entre eux, le fait que Vanessa n’était jamais là. Non pas que je ne pouvais la voir ; au contraire, elle répondait toujours au téléphone, et jamais n’a manqué un rendez-vous. Non, c’était une absence qu’elle portait avec elle, même en sa présence : une absence constante et remarquable, sans qu’elle laisse deviner en quel endroit son esprit pouvait bien vaquer pendant qu’elle donnait le change en vous fixant de ses grands yeux vides.
J’ai lu en quelque endroit - ou bien on me l’a raconté, je ne me souviens plus - que Swan vivait très mal les instants où Odette s’endormait car, en fermant les yeux, celle-ci lui échappait. Mais Vanessa n’est pas Odette, aussi ne se contente t-elle pas de fermer les yeux, de se retourner, et de s’enfoncer dans le mou du matelas. Vanessa ne se retourne pas, non : elle enfile un masque tout en vous faisant face. Une épaisse ouate couleur vert-émeraude et un peu de dentelle noire entre elle et vous, et voilà son regard une nouvelle fois soustrait au vôtre, même pendant qu’elle dort. Enfin, à un petit détail près.
Vanessa ne dort pas. Je n’ai pas compté le nombre de nuits que nous avons passées ensemble, mais jamais je ne l’ai sentie s’endormir avant le chant des oiseaux. Et jamais plus longtemps que quelques heures, trois ou quatre tout au plus . J’ignore comment, dans ce laps de temps militaire, elle trouve les ressources nécessaires de sommeil pour tenir tout le jour et quand, parfois, je pense à elle le soir, je me dis comme Jacques Brel que la nuit pour elle va être longue à devenir demain»*.
Début août 2010, le départ en Italie approchait, pour un plein de lumière, de murs ôcres aux patines colorées, et de pages blanches à noircir (j’écrivais mon livre). Comme à l’accoutumée dans ce genre de circonstances, je n’attendais rien de cette séparation, du moins rien de bon. Déjà qu’une fille à peu près équilibrée ne résiste généralement pas - même si vous lui avez fait de l’effet - à l’idée d’une petite aventure d’été du moment que celle-ci s’achève là où elle a début, c’est à dire en dehors des frontières, alors qu’attendre d’une amputée du coeur comme Vanessa ? A Ibiza qui plus est, qui comme chacun sait est le lieu de villégiature des moines et des ascètes de tous horizons... Non, décidément, il n’y avait pas d’issue : Vanessa était un nid de phéromones, aussi allait-elle attirer la testostérone d’Ibiza comme le miel les mouches, et salope comme elle était il valait mieux pour moi déguerpir avant le désastre. C’est ce que je fis sans trop de mal ; les ruptures endurcissent, j’avais déjà pris cette saine habitude de quitter des femmes que j’aimais, alors quelques jours plus tard, devant un plateau de mozzarelle fumée et un verre de Barbera d’Alba, je l’avais presque complètement oubliée.
[quote="un texto"]Miss u guy
Ne me demandez pas combien de semaines sont passées avant ce message, je n’en ai aucun souvenir. J’ignore même si je l’ai reçu de suite, ma connexion internet consistant à marcher dans les ruelles de Rome avec mon McBook à la main à l’affût d’un réseau perdu. Mais ce dont je me souviens en revanche, c’est que je ne savais que penser. J’étais sûr qu’elle couchait avec d’autres hommes. Elle sentait l’odeur des autres hommes comme une chienne sent l’odeur des mâles de sa meute, même de ceux qui ne l’ont pas prise. Alors pourquoi m’écrivait-elle que je lui manquais ? Et d’abord, ces mots avaient-ils un sens ? Etait-il possible que Vanessa regrette la présence de quelqu’un, elle qui semble n’accorder aucune importance à rien, pas même à elle-même ? Et le cas échéant, pouvais-je être concerné directement par ce manque, moi seul ? Tout à la liberté de marcher et de penser, c’est au milieu des jardins de la Villa Borghese que je finis par me dire qu’elle disait la même chose à tout le monde, par convention, et que ces seuls deux mots (miss you) suffisaient à rendre vie pour quelques semaines supplémentaires à l’idée de la saillir de nouveau.
Enfin, c’est ce que j’aurais aimé en déduire. En réalité, mon orgueil finit par me convaincre qu’elle s’adressait à moi, rien qu’à moi, que nos rendez-vous coquins et ensoleillés avaient laissé dans son esprit une trace suffisamment profonde pour que leur évocation suffise à susciter en elle une quelconque nostalgie du temps passé ensemble. C’était faux, mais j’avais envie de le croire. Un mensonge requiert toujours (au moins) deux participants : celle qui le commet, et celui qui accepte d’y croire, comme nous y reviendrons prochainement dans un séminaire dédié à ce sujet. A l’instant où les roues de l’avion reprirent contact avec le sol Français, quand les gens se levèrent impatients pour tirer leurs sacs d’au-dessus de leur tête et gratter l’écran de leur téléphone portable de long en large avec leur index, j’ai fait de même avec les touches de mon vieux Samsung. Pour recontacter Vanessa.
[quote]...
Message envoyé.
Aux portiques de l’aéroport, comme d’habitude, personne ne m’attendait. Quelques chauffeurs indiens qui tenaient des pancartes décorées de feutre Velleda et probablement destinées à des businessmen en surpoids devant être conduits dans les plus brefs délais à l’Hilton du coin pour transformer leurs propositions commerciales powerpoint en chèques à hauteur de cent et quelque milliers d’euros de produits IT.
Il parait que les marins boivent à la santé des putains d’amsterdam, mais plus personne ne s’intéresse aux putains d’amsterdam dans leurs vieux cabanon à pisse éclairés au néon. Les putes désormais viennent du froid et vous servent à satiété de la sainte et de la fée.
A suivre.
[youtube]r8lWkNnhJB0[/youtube]
* Jojo
Change de vie, deviens VIP : https://www.hommesdinfluence.com/vip
[img]https://www.hommesdinfluence.com/wp-content/uploads/2017/07/5stars.png[/img]
[img]https://www.hommesdinfluence.com/wp-content/uploads/2017/07/5stars.png[/img]