- Sam Juin 06, 2015 7:41 pm
#170392
J'ai été mauvaise langue. En réalité, c'était son mec qui vivait chez elle (dans l'appart loué par les parents) et c'est elle qui l'a plaqué. Elle en parle parfois, avec quelques regrets... Principalement parce qu'elle en est à deux mois de célibat après 2ans de relation.
Depuis un mois et demi, je travaille sur un court métrage. Rien qu'à la préparation et à la qualité de mon équipe, je sens que ça va être l'un de mes meilleurs films. (Ca parait prétentieux dis comme ça, mais j'en ai pas réalisé tant que ça).
J'ai remarqué que la préparation suivait toujours à peut prés le même schéma.
1) La mise en route. C'est la période la plus excitante, il faut tout trouver et au début, c'est d'une facilité extrême. Les trois quart de l'équipe sont trouvé en une semaine, vous revoyez des gens que vous n'avez pas vu depuis des mois. Il n'y a pas encore de problème de relation d'équipe, tout le monde semble enthousiaste. J'ai remarqué qu'à cette période (qui parfois ne dure qu'une ou deux semaines), je me sentais tellement sexué que je faisais des rencontres improbables ou que je concluais avec des filles alors que tout semblait perdu.
2) L'installation. C'est une période qui, tout en étant une descente par rapport à la mise en route, est tout de même agréable. C'est les réunions d'équipe, les discussions, les retouches de scénarios. Un ensemble de routine et de petits problèmes à résoudre. L'avantage de ces problèmes réguliers, c'est qu'ils relancent la machine, vous empêchant de vous ennuyer. On se sent serein pendant cette période, comme un marcheur dans un forêt, qui fait sa route à son rythme.
3) Le stress. C'est le moment où votre projet est trop avancé pour que vous puissiez dire "on en est au début/c'est l'idée générale/..." et pas encore assez pour que vous puissiez boucler des étapes de la préparation (tout est encore "work in progress"). A ce moment, vous commencez à comparer votre projet aux autres, à votre idée de départ... Le défaut dans l'art, c'est qu'on compare automatiquement notre projet aux films que l'on admire. On tombe dans une déprime qui peut vous cassez pendant un à deux jours "comment Kubrick fait pour être aussi intelligent?" "J'aurais jamais ce niveau" "Ma structure est pas bien..."
4) Le renouveau. C'est un moment qui vient toujours un poil trop tard (du moins dans la perception qu'on en a). On trouve une nouvelle idée qui nous enthousiasme, une nouvelle manière de procédé. Cette manière est souvent une idée qui fait la synthèse, d'une manière ou d'une autre. Soudainement, l'idée du film apparait plus limpide qu'elle ne l'a jamais été.
5) Le rush. La période de speed, où les intervalles de temps sont si courts qu'on a peine à penser au film. C'est dans ces moments qu'il faut le plus prendre son temps, s'arrêter.
A chaque nouveau film, j'ai cette putain de période de stress qui me paralyse pendant un à deux jours (paralysie=streaming sur internet). J'essaie de caler des rendez-vous pendant la période, de me forcer à sortir, mais je suis tellement préoccupé que les gens se demandent si je les écoute. Jamais réussi à éviter cette période.
Hier, je décrivais à une copine mon état général pendant la préparation d'un film: mes lapsus continuels (il m'arrive souvent de me tromper de direction de métro pour me diriger inconsciemment vers le lieu de tournage), le film en pensée de fond quasi permanente, la difficulté à évoquer quoi que ce soit d'autre, l'irritabilité devant la distraction... Elle m'a répondu "il m'arrive la même chose quand je suis amoureuse". Ca m'a fait rire.