- Dim Juil 20, 2014 9:00 pm
#155813
Petite réflexion qui m'a touché de la part d'une amie, après une boutade spontanée de ma part par texto :
« Tu me fais marrer parce que tu es bien le seul à pouvoir me dire ça ! C'est trop excellent
»
La veille, un ami revu après 1 an et demi passé sur un autre continent :
« Je te reconnais bien là, toujours le souci du détail ! »
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Ces remarques m'ont fait plaisir car ils ont souligné sans que je ne m'y attende ma singularité.
Cette singularité que je pensais avoir perdue il y a quelques années en chippant des techniques et manières d'être ci et là.
Il y avait au début cette fameuse "dissonnance cognitive", cette impression d'avoir un comportement exagéré ou incohérent avec moi-même.
Le problème n'était pas mon moi propre, mon problème avait plus à voir avec la manière de le communiquer.
Dans son essai "L'art du roman", Kundera évoque la quête poursuivie par le roman de "l'énigme du moi".
A une époque (Boccace), la conviction est que le moi ne peut être révélé que par l'action, puis ayant compris que l'image que lui renvoie l'action ne ressemble pas nécessairement au personnage (Jacques le Fataliste), le roman se penche sur la vie intérieure du personnage : le roman psychologique.
Mais un nouveau paradoxe apparait : sous le microscope qui analyse l'âme, nous sommes finalement tous pareils (avec nos désirs, nos angoisses). L'unicité du moi disparaît.
Si il est difficile de répondre à la question de la définition du moi, la remarque de ces deux personnes m'a touché dans le sens où, sans me connaître, je m'étais quand même trouvé, en fait
retrouvé.
Je n'ai pas l'impression, aujourd'hui, d'être devenu quelqu'un d'autre mais plutôt une version plus "finie" de moi-même.
Surtout plus communicative ; c'est-à-dire que je partage plus volontiers ce que je suis. Et plus "économe" ; c'est-à-dire que je fais de moins en moins d'effort à tenter d'aimer ce qui ne me plait pas, à passer du temps avec des personnes qui ne m'intéressent pas.
Et paradoxalement, je suis aussi plus enclin à sortir de ma zone de confort. Mais c'est parce que cette sortie de confort m'est désormais "naturelle".
On pourrait dire que l'effort de sortie a été compensé par le goût de la curiosité, de l'exploration.
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
[...]
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
[...]
Tu seras un Homme, mon fils.