- Jeu Déc 29, 2011 7:14 pm
#116972
Un extrait d'un MP avec un membre :
[quote]J'ai lu un passage, puis un autre et j'ai gardé ce livre des années avec moi. Je le parcourais souvent.
Sur la structure de la pensée et de sa "logique" :
L'occidental a tendance a construire sa pensée de manière linéaire, avec des sous-parties, des inclusions pour arriver à une démonstration philosophique de sa thèse.
La pensée chinoise se structure différemment.
Elle est comme les entrées dans différentes tables d'une base de données.
Si tu as ci et ça, alors en page tant, tu as aussi ceci et cela.
Ce que j'aime, c'est que c'est une pensée très dégraissée, qui va à l'essentiel.
Cet essentiel est un peu comme une série de théorèmes si tu les prends au pieds de la lettre (mais il faut toujours garder du recul).
Je vais te prendre un exemple contemporain : on n'arrête pas de faire des lois, des traités, de la gesticulation et de la communication.
Sur la gestion de l'Etat, Lao Tzu dit deux choses :
"Plus il y a de lois et de réglements,
Plus prolifèrent fraudeurs et voleurs."
Dans plusieurs autres passages, il explique que quand on étale les richesses (bling-bling), le peuple devient cupide, que le désordre règne, que l'équilibre est brisé et que lorsque le puissant se montre comme un Homme simple, le peuple aspire à la paix et à la tranquilité.
Très souvent, les occidentaux associent la pensée chinoise au "non-agir".
Du non-agir (le wu-weï), il en font de la non-action et extrapolent vers le renoncement.
Pour bien comprendre le principe du non-agir, il vaut mieux prendre sa traduction anglaise et la retraduire en français : do not do => faire sans faire (je sais, c'est pas une traduction littérale).
Parce que pour comprendre le non-agir (qui n'est pas un renoncement) il faut connaître phrase :
"wu-weï er bu wu-weï" : ne rien faire et que que rien ne soit/reste pas fait.
Le non-agir, ce n'est pas l’inaction, c'est l'action juste sans excès.
Si tu regardes des films d'art-martiaux anciens (shaw brothers) ou des récents (tigre et dragon, red cliff) tu verras que le Maître est toujours celui qui bouge le moins, se fatigue le moins, a le moins de mouvement "parasite" dans ses gestes, ses paroles, sa vie, son environnement.
Ce n'est pas un hasard puisque dans la sémantique chinoise, c'est un signe de force quand en occident, celui qui parle le plus, le plus fort ou qui a l'air le plus sûr de lui (on dira ici, qu'il surcompense).
Le Tao en lui-même :
La pensée occidentale a (tenté) de se débarrasser de l'idée que l'Homme est assujetti à une force supérieure, une volonté supérieure, un ou des dieux.
La pensée chinoise n'ordonne pas la nature de cette manière.
"Le Tao est à la source de toute chose".
C'est un principe inférieur. L'Homme est guidé par une force (star wars inside!) en lui qu'il peut apprendre à écouter : l'inspiration onthologique (intérieure, inconsciente).
L'idée du Taoisme, c'est d'être en harmonie avec le monde en se débarrassant de ce qui parasite la vie et l'harmonie (par opposition, on parle de trouble et de chaos).
Traduit en termes "Spikiens", c'est de se sentir suffisamment bien, d'être suffisamment bien avec soi-même en se débarrassant de fausses-croyances, de mauvaises habitudes, de pollutions, de travailler sa fierté de soi sans tomber dans l'excès de la surcompensation.
L'Homme ne devient pas lui-même et un meilleur lui-même en adoptant simplement les codes d'autres. Il peut le faire pour apprendre mais doit toujours confronter cette expérience à ce qu'il est, ce qu'il ressent. Il le devient en trouvant une harmonie entre ce qu'il est (au fond, sans le savoir : l'inconscient) e ce qu'il veut être hors des pollutions.
Agir, sans agir et que rien (de ce qui est essentiel) ne reste pas fait (anti-procrastination).
De cela, tout le reste découle...Etre séduisant et séduire, être soi et se foutre de ce qu'en pensent les autres, faire ses propres choix, s'affirmer, etc...